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Embolie amniotique, késako?

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L'embolie amniotique est une complication rare mais grave de l'accouchement, causée par le passage du liquide amniotique dans la circulation maternelle suite à la déchirure du placenta et des veines utérines. Imprévisible, cette complication met en jeu le pronostic vital maternel et fœtal.  En France, elle représente environ 10 % des décès maternels.

 


Comment survient-elle ?

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L’embolie amniotique est une complication qui se manifeste lorsque du liquide amniotique pénètre dans le réseau sanguin maternel. Selon les études, le taux d’incidence se situe entre 1/20000 et 2/100000  grossesses dans les pays industrialisés et constitue une des premières causes de décès maternel. Le taux de mortalité maternelle associé, qui dépend de la rapidité de diagnostic et de prise en charge, varie de 10% à plus de 40% . Le taux de mortalité périnatale varie de 10%  à plus de 30%.

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En France, l’embolie amniotique est la deuxième cause de décès maternel

après l’hémorragie du post-partum, 12% des décès lui sont imputés.

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Les causes: 

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  • âge maternel supérieur à 35 ans 

  • de placenta praevia

  • de césarienne 

  • de pré-éclampsie

  • d’utilisation de forceps ou de grossesses dites « à risques »

  •  une augmentation des risques liée au déclenchement de l’accouchement

  • la pratique de la césarienne

  • un déficit d’accès aux soins chez les minorités éthiques

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L’incidence de l’embolie amniotique, estimée à 1/53 800 accouchements en Europe,  est très difficile à approcher du fait de la rareté de l’événement. 

 

Témoignages de pères 

source)

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- "Je m'appelle Igor, j'ai 30 ans et ma compagne est morte suite à une embolie amniotique le 21 mars 2008  . Ma petite fille Charline va très bien heureusement.

Ma compagne avait 25 ans, c'est notre premier enfant et elle avait une très bonne forme physique. J'ai du mal à comprendre. C'est très dur à accepter mais je me centre sur ma fille qui m'aide à aller de l'avant.

Toute la grossesse s'est très bien passée, pas de soucis particuliers à part des contractions au 8ème mois (d'où hospitalisation 2 jours et repos à la maison). Les véritables contractions ont eu lieu le jour prévu de l'accouchement vers minuit et demi. Le travail s'est passé correctement, elle a eu une péridurale qui a fonctionné directement. Le col s'est bien dilaté mais la position du bébé n'était pas correct. La gynéco est venue vers 10h pour l'examiner et a dit que dans 1h30 on pourrait commencer l'accouchement, que le bébé avec l'aide des contractions se remettrait correctement. Elle est revenue à 11h30 et là c'était pire, ma compagne a poussé 2-3 fois mais le bébé avançait puis reculait. elle a fait venir un autre gynéco qui l'a examinée. Vu la situation, ils ont décidé de faire une césarienne en urgence. Jusque-là on ne s'inquiétait pas trop même si l'idée d'une césarienne ne nous réjouissait pas.

Ma compagne recommençait à sentir les contractions et avait une douleur à droite en bas du ventre (elle avait une cicatrice de l'appendicite d'il y a un an), puis elle tremblait beaucoup mais les médecins m'ont dit que c'était normal chez certaines femmes à la fin du travail. Elle avait le bout des doigts bleu-violet (c'était normal aussi, à cause de la péridurale). D'ailleurs la péridurale n'avait plus fait effet une première fois vers 7h. Là, à 11h30, elle commençait à ne plus faire effet de nouveau.

Donc j'accompagne ma compagne au bloc, le temps de faire un dernier bisou, je la vois partir. J'attends une demie heure et hop ma fille sort (comme par magie!) d'une autre porte. On me dit que la maman va bien et qu'elle a perdu un peu de sang, qu'il va falloir attendre 2h. Jusque-là tout est normal, puis la gynéco vient me voir en me disant qu'elle a fait une atonie de l'utérus (l'utérus ne se contracte pas) suivie d'une forte hémorragie (2,5 l de sang !). elle me dit qu'il y a plusieurs solutions avant d'enlever totalement l'utérus. A ce moment-là, le pire pour moi est d'enlever l'utérus, pour une jeune femme de 25 ans! Les produits pour contracter l'utérus n'ont pas fonctionné, ils ont du réopérer et contracter l'utérus mécaniquement. Elle s'est stabilisée, au bout de 2-3h, on est venu me chercher pour que j'aille la voir.

On m'a dit qu'elle avait perdu beaucoup de sang et qu'il était préférable de la transférer sur Montpellier (car ils n'avaient plus de sang, Montpellier avait un meilleur plateau). Je suis resté 30mn voir plus avec ma compagne qui était endormie. Elle avait des tuyaux de partout, on lui injectait encore du sang et des plaquettes. Au moment de la transporter (en SAMU, car l'hélicoptère ne pouvait pas décoller à cause des intempéries), sa tension était à 7. Les médecins ne voulait pas la déplacer et ont essayé de monter sa tension en injectant des produits. Elle est remontée à 9 puis tout s'est emballé, les pulsations sont montées à 230, la tension à 19, la machine disait "vérifier le patient, vérifier la patient". Ils m'ont fait sortir, elle faisait un arrêt cardiaque avec une CIVD (définition).  Elle a tenu 45 minutes et plus rien...  C'est après que la gynéco (après étude du dossier et discussion avec toute l'équipe) m'a dit que c'était sûrement une embolie amniotique. Elle va présenter ce cas à une conférence au mois de juin pour conforter cette idée et (je l'espère) trouver des solutions pour que ça n'arrive plus !

Je pense que l'équipe médicale a fait tout son possible pour sauver ma compagne. Ma belle-famille et moi-même n'avons pas demandé d'autopsie. Mais je me demande encore pourquoi c'est arrivé à une jeune femme de 25 ans en pleine forme à son premier enfant... Y-a-t-il des témoignages d'autres hommes ou femmes qui ont été touchés par cette tragédie ?"

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- "J 'ai éte moi-même touché par une tragédie similaire. Ma femme est décédée à l'accouchement de notre 3ième enfant des suites d'une embolie amniotique massive. L'enfant est né vivant, mais est décédé 10 jours plus tard. 

J'ai comme toi, voulu comprendre les causes de cet accident rare et surtout savoir s'il était évitable. J'ai demandé une autopsie. L'autopsie a révélé que ma femme était décédée d'une embolie amniotique massive (arrivée massive de liquide amniotique dans son sang, provoquant une saturation de son système de défense,  conduisant à un arrêt cardiaque). Cet accident est-il évitable ? J'ai rencontré à Paris à ce sujet un professeur de médecine spécialisé en gynécologie (chargé de se prononcer sur mon cas !), il m'a confirmé le caractère souvent irréversible de cet type d'accident. Il m'a aussi confirmé que le corps médical n'avait fait aucune erreur ou faute et qu'il était toujours malheureusement très difficile d'anticiper voire de déceler ce type d'accident. En d'autres termes : C'est la faute à pas de chance !!! Je sais que c'est très difficile à admettre de nos jours (compte tenu des progrès constants de la médecine) de voir sa femme décédée lors d'un accouchement. Mais c'est ainsi, la vie nous réserve parfois de drôles de surprises !"

 

 

Le liquide amniotique protège l’enfant contre les chocs extérieurs, et le maintient à une température stable. Il est composé d’eau et de cellules fœtales. ( source et vidéo)

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Sans que l’on sache pourquoi,quand la poche des eux se rompt,  une partie de ce liquide amniotique peut alors pénétrer dans les veines de l’utérus et rejoindre la circulation sanguine.

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Là, des cellules fœtales vont migrer vers les poumons, et plus précisément vers les alvéoles pulmonaires, des petits sacs où le sang se recharge en oxygène. Ces débris vont alors boucher les petites artères des poumons de la maman. Certaines zones du poumon ne sont plus irriguées et meurent. Et c’est une urgence vitale car à ce stade, la mère est en situation de détresse respiratoire.

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Elle peut être victime de convulsions, d’hémorragie et d’une brutale chute de tension, pouvant aller jusqu’à l’arrêt cardiaque.

 

En cas de décès, une autopsie permet de mettre en évidence les différentes substances provenant du liquide amniotique comme des cheveux du fœtus ou des cellules de peau à l’intérieur de la circulation pulmonaire.

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Quant au bébé, s’il n’est pas encore venu au monde, il faut pratiquer une césarienne en urgence car il est privé d’oxygène et son cerveau peut subir des dommages irréversibles.

 

Vous l’avez compris, cette embolie est donc un accident très grave de la grossesse, et il n’y a malheureusement aucun test fiable pour prévenir cette complication.

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Lauriane.


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