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Histoires d'Allaitement... témoignage d'Amandine

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Dans le cadre de la semaine mondiale de l'allaitement, voici aujourd'hui le témoignage d' Amandine  maman de 2 filles, qui partage avec nous son "histoire d'allaitement".... 

 

 

"J'ai cette chance que dans ma famille, "on allaite". Cela facilite les choses, et les choix. Le jour où nous projetons d'avoir un bébé, je projette de l'allaiter. Tout simplement.

 

Ma 1ère fille vient au monde. Un accouchement d'une violence extrême, qui me laisse abasourdie, physiquement et émotionnellement. Mais elle est enfin posée sur mon ventre, peau-à-peau presque thérapeutique. Endorphines, bonheur. Et puis... Assez vite, finalement... Des mains minuscules, des petits mouvements saccadés .. Elle ouvre grand sa toute petite bouche pour attraper ce mamelon énorme... La voilà au sein! Waouh, mon bébé tète! Je suis une MAMAN. Elle sait faire. Je sais, nous savons. Un bonheur immense me submerge. De l'intérieur à l'extérieur, nous nous retrouvons.

 

Les jours passent, les tétées se succèdent. Mon bébé et moi, réunis comme depuis toujours. J'aime sa peau sur ma peau, j'aime lui donner de moi et absorber sa chaleur douce. Je n'aime pas l'auxiliaire de puériculture qui vient se coller à nous et essayer de lui enfourner le sein dans la bouche alors qu'elle n'en a pas envie! Je fuis la maternité le jour-même.

 

Le 1er mois, le rythme est anarchique, elle tète souvent, longtemps. Parfois, je ne sais plus quand une tétée est finie et quand commence la suivante. Je me questionne, le papa est inquiet. Le schéma rigide dicté en cours de préparation à la naissance est toujours dans un coin de ma tête. Mais je suis bien entourée, et j'ai la bénédiction des générations passées. "Tu crois qu'à l'époque, elles regardaient l'heure pour savoir si elles pouvaient donner le sein? Quand le bébé avait faim, il tétait, c'est tout!" "Oui, c'est fatigant, c'est déroutant. Mais tu verras dans quelques mois, tu penseras avec nostalgie à ces tétées toutes les heures!" Douce simplicité pleine de sagesse. Alors, j'allaite à la demande, avec joie, avec plaisir, sans complexe. Je me moque des visiteurs inquisiteurs qui questionnaient la qualité de mon lait. Je me nourris de la bienveillance des femmes qui savent.

 

Quelques mois plus tard, je pars travailler avec mon tire-lait. On branche une rallonge électrique pour que je puisse m'installer dans les toilettes. C'est dur. Parfois, le lait ne vient pas. Je regarde des photos de ma poupinette et le lait arrive en même temps que mes larmes. Parfois, mon chef frappe à la porte pour demander si j'ai bientôt fini et à quelle heure il peut programmer sa réunion. Allaiter en travaillant, ça, aucune de mes ancêtres ne l'a fait avant moi. Comme c'est dur...

 

La diversification arrive... Un peu moins de biberons de lait à fournir, ouf. Elle mange bien, et continue à téter avec autant d'entrain. Je me régale de ces moments magiques, ce bonjour du matin, ces retrouvailles du soir.

 

Elle vient d'avoir 9 mois. J'ai laissé tomber la tétée du matin. Trop de fatigue, seins trop vides, trop peu de temps avant de partir travailler. La tétée de retrouvailles devient "symbolique", je n'ai presque plus de lait. Je me remets en question, nous sommes fusionnelles, peut-être trop, l'angoisse de la séparation est à son paroxysme, j'ai besoin de passer un cap... C'est le début du sevrage.

 

Un soir, après quelques jours sans tétées, quelques soirées à détourner son attention, je lui propose le sein pour la dernière fois. Je ne savais pas que des yeux pouvaient dire OUI aussi fort. Il n'y a pas pas beaucoup de lait, mais l'amour coule à flot. Nous sommes présentes l'une à l'autre, sans limite. Son regard planté dans le mien, une intensité indescriptible  Ce sont les bébés qui ont inventé la pleine conscience. Je repense à notre 1ère tétée : la dernière est aussi belle. La boucle est bouclée, elle ne redemandera plus jamais le sein.

 

2 ans plus tard, une nouvelle grossesse... L'idée d'allaiter à nouveau est une de celles qui me réjouit le plus. Ma puce arrive, c'est la nuit, et la magie opère à nouveau. Quel bonheur! Je suis en confiance, j'ai moins besoin de cette réassurance des femmes autour de moi... Pourtant, en pratique, tout est plus difficile. Mon bébé a un petit point de compression au niveau du crâne, elle ouvre mal la bouche, j'ai des crevasses. Au bout de 10 jours, fatiguée, voulant assurer sur tous les fronts, j'ai une grosse baisse de lactation. J'ai un REF (réflexe d'éjection fort) qui rend les débuts de tétées difficiles. Mais dans ma tête, tout est clair et simple. Je suis sereine, j'allaite.

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Devenue "maman de 2 enfants", je découvre la frustration de ne pas pouvoir être toute entière à mon bébé. Je donne le sein debout, dans l'écharpe de portage, en faisant la cuisine, en pensant à autre chose, au milieu des cris de la grande soeur. Heureusement, il y a aussi les tétées de nuit, moments privilégiés juste entre elle et moi. Les tétées à rallonge, les siestes-tétées, les tétées amoureuses et heureuses.

Ma puce pousse, maintenant elle tète à califourchon, face à moi, en me regardant d'un oeil malicieux. Parfois debout, en sortant du bain. Elle tète quand elle a soif, quand elle a faim, quand elle a besoin de réconfort, quand elle a sommeil, quand elle s'ennuie un peu... Ca fait beaucoup de tétées par 24h!

Un jour, elle a 13 ou 14 mois, je me surprends à soupirer alors qu'elle me demande le sein pour la 20ème de la journée. Il est temps de passer à un allaitement "à l'amiable"... Elle apprend en douceur que l'on peut gérer autrement sa soif, sa faim, son ennui... Les tétées se font plus rares, mais tout aussi précieuses.

 

Vers 18 mois, voulant imiter sa grande sœur sans doute, elle refuse le sein au réveil pour préférer un petit déjeuner "de grande"... Puis je vois les tétées du soir et de la nuit s'espacer aussi... Elle a 20 mois, je sens que c'est la fin. Je collectionne les "peut-être dernières tétées" en m'efforçant de ne pas en perdre une miette. Je la laisse faire son petit chemin. Heureuse de la façon dont ça se passe, même si c'est "tôt". Déjà nostalgique.

 

Aujourd'hui, mes filles ont 5 et 2 ans. Presque tous les jours, j'en vois une des deux donner le sein à une poupée, ou parler du bébé de Barbie qui tète. Et je savoure."

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