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Histoires d'Allaitement... témoignage d' Aurélie

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Pour célébrer  cette semaine mondiale de l'allaitement, nous avons demandé à des mamans de partager avec nous leur expérience sur le sujet. Toutes ont trouvé l'idée super et ont accepté de témoigner. Merci à elles pour leur confiance.

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Pour commencer, voici le témoignage d'Aurélie , maman de 2 garçons, qui partage avec  beaucoup d'émotion son expérience d'allaitement....

 

"Lauriane m’a demandé de parler de l’allaitement. De mon expérience d’allaitement. J’en suis honorée, car c’est un sujet qui me tient énormément à cœur.

 

Avant d’avoir mon bébé sur mon ventre, je ne savais pas si j’allaiterais. Enceinte de mon premier enfant, je n’avais presque jamais vu de bébés allaités et je portais dans mes bagages de nombreux préjugés et d’idées reçues. J’ai des seins bien trop petits, ma mère n’avait pas assez de lait… Une merveilleuse sage-femme m’a informée sur la physiologie de l’allaitement, j’avais donc pris connaissance des positions, des pics de croissance, de l’allaitement à la demande, etc. Et pourtant, je me disais qu’il était possible que je n’arrive pas à allaiter.

 

 Mais lorsque mon fils fraîchement né a empli mon cœur et mon corps de cette maternité qu’il m’offrait, lorsqu’il s’est mis à suçoter ma peau bruyamment, j’ai compris que l’allaitement allait aller de soi pour nous deux. J’ai d’ailleurs vécu les premiers jours de vie dans une sorte de bulle extatique incroyable et indescriptible, une ivresse de bonheur et d’amour qui me faisait planer comme si j’avais été droguée ! L’évidence même de ce lien qui naissait entre nous, ce lien du sein, ce lien du lait, faisait se dégager entre nous une harmonie douce et bienheureuse. J’ai accouché dans un hôpital « Ami des Bébés » et le personnel m’a aidé à le mettre au sein et à privilégier notre lien.

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Dès la première nuit, je dormis aux côtés de mon bébé. Très naturellement, très spontanément. Je l’avais juste mis au sein et m’étais endormie avec lui, me délectant de son odeur, enivrée par la chaleur de son petit corps contre le mien. Au matin, l’équipe de sages-femmes a fait son entrée et me demanda combien de tétées il avait fait cette nuit-là. Ah, c’est vrai, il y a ce papier à remplir, à cocher à chaque tétée. Une fois, ai-je répondu. Comment ça une fois, une fois c’est impossible, ce n’est pas assez ! Cela m’a laissée un peu désorientée, car en réalité il s’agissait d’une fois mais une loooongue fois de 1h du matin à maintenant ! Puis un pédiatre passa dans la chambre et préconisa des tétées ne dépassant pas une certaine durée, sur chaque sein, et avec des intervalles précis. Je tentai de prendre ma montre pour me chronométrer, mais je n’y arrivais pas. Comment calculer quand il tète puisqu’il tète au début, puis s’arrête, puis se remet à téter, puis s’arrête de nouveau. « Pffff mais c’est impossible ! » ai-je pensé, et je me suis débarrassée de la montre qui perturbait ma si harmonieuse bulle de bonheur et d’extase. Ca fonctionnait bien ainsi, dans cette union parfaite et cet équilibre parfait, l’instinct aiguisé et fonctionnel parfaitement à l’unisson avec celui de mon nourrisson ! J’étais heureuse. J’étais fière. Mon bébé grossissait à vue d’œil, grâce à moi, grâce à mes seins.

 

Le premier mois, j’ai eu la chance de rester accompagnée, d’abord par une sage-femme libérale qui me rendit visite une fois ou deux après mon retour de la maternité ; puis avec la rencontre de la consultante en lactation de l’hôpital « Ami des bébés » où j’avais accouché, rencontre qui me conforta dans le sentiment que, oui, en tant que mère, je faisais ce qu’il fallait pour mon enfant ; oui, je lui donnais le meilleur, mon lait, mes bras, mon amour. Oui, être confortée dans ma manière d’être avec mon bébé me faisait du bien, car peu à peu nous étions sortis de notre bulle et nous nous confrontions aux critiques, aux « bons conseils », qui insinuent en l’autre des doutes et des tourments. Les gens pensent souvent que pour moi l’allaitement a été facile : pas de crevasses, un bébé qui tète comme un chef, « beaucoup de lait »… Mais ce qu’ils n’ont pas vu, c’était le désarroi face à ceux qui ne comprennent pas que l’on puisse continuer à allaiter après un certain nombre de mois, qu’on puisse allaiter la nuit, allaiter à la demande, allaiter quand l’enfant marche, allaiter pendant une nouvelle grossesse, allaiter deux enfants… J’ai énormément souffert du regard, du manque de soutien, du manque de respect. J’aurais eu besoin d’entendre que, quels que soient mes choix, quelle que soit ma façon de procéder, j’étais la meilleure des mères pour mon bébé !

 

C’est sur internet et sur les forums que j’ai trouvé le soutien qui m’a permis de traverser mes tempêtes cérébrales. Se rendre compte quotidiennement que de nombreuses mamans passent par les mêmes doutes, les mêmes questions, que de nombreuses mamans se demandent si elles ont encore assez de lait, si c’est normal que leur bébé ne veuille pas dormir sans elle, si c’est normal qu’il tète encore la nuit, si c’est normal d’avoir mal à tel endroit, et si c’est normal d’être découragée par les critiques et les regards en biais. Soutenue, j’ai pu soutenir à mon tour des mamans dans le désarroi. Parce qu’il existe une véritable détresse pour certaines d’entre elles, qui vont jusqu’à mentir pour être tranquilles, jusqu’à cacher qu’elles allaitent encore, jusqu’à se cacher pour allaiter quand elles ne sont pas seules.

 

Le partage des expériences multiples et diverses sur le forum a aussi enrichi ma vie de manière considérable. Je partais de la méconnaissance la plus totale en allaitement et voilà que je découvrais qu’on pouvait allaiter plus d’un an, qu’on pouvait dormir très longtemps avec son bébé, que des enfants se sèvrent à l’âge de sept ans, qu’il est possible de ne pas diversifier à 6 mois, etc etc etc. Tout ce que j’ai lu m’a nourrie, toutes les expériences m’ont enrichies ; j’ai vu de nouveau horizons, j’ai ouvert mon esprit. Et tout cela a fait son chemin…

 

Il y a quelques jours, j’ai fêté mes « 5 ans d’allaitement ». Mon fils aîné a tété jusqu’à ses deux ans et demi. Son petit frère vient, à son tour, de passer le même cap, et nous continuons à nous nourrir de ce plaisir qu’est l’allaitement. Je cumule donc 5 années d’allaitement. Même si, dans les faits, ils ont tété un peu plus d’un an ensemble, ce qui signifie que je vais donc bientôt atteindre 4 années « réelles » d’allaitement. Et j’en suis extrêmement fière. Je vais au bout de ce que je suis, de ce qui me convient. Les doutes me hantent encore un peu par moments, même si j’assume aujourd’hui pleinement cet acte qui n’est que pur amour à mes yeux, et je milite pour qu’il soit reconnu comme LA référence de l’alimentation du nourrisson. Je milite en allaitant partout. Je milite en communiquant et en informant les mamans et les papas qui me posent des questions. Je milite en les aidant à surmonter leurs difficultés. Et aussi en soutenant ces femmes désespérées qui n’attendent parfois de n’entendre qu’un tout petit « oui, tu donnes à ton enfant ce qu’il y a de meilleur, alors continue autant qu’il t’en plaira, autant que ça vous conviendra, à lui, à toi, à son papa, tant que ça sera source d’amour et de bonheur pour vous, ne laisse pas les autres t’inventer des problèmes alors qu’il n’y en a pas ! ».  

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Alors, aujourd’hui, c’est avec une immense fierté que je vous montre mes seins ! "

 

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